VALTAT

Biographie par CS

Par Carole Sadoun : 1943, Alain Valtat naît à Paris.

Alain Valtat s'intéresse à l'image, à la couleur et à la construction sous toutes ses formes dès l'âge de 16 ans, époque de sa première approche autodidacte de la sculpture, au détriment d'études d'électromécanique...

Pour gagner sa vie, il exercera d’abord différents métiers. Il n’a alors qu’une idée en tête : devenir grand reporter. Ses rencontres avec des grands noms de la photo lui confirment sa volonté d’aller saisir sur le terrain la dure réalité des pays en crise. Il croise le chemin de Raymond Depardon chez Dalmas, à l’époque une des agences de presse les plus renommées sur le plan international. Autre rencontre et non des moindres, Robert Doisneau, un ami de son père. Il suit ce photographe légendaire pendant près d'un an. "Il m’a appris à voir au lieu de regarder". Assistant photographe à l’A.F.P., Alain Valtat apprend toutes les facettes de ce métier qui le fait rêver. Le laboratoire et la prise de vue n’ont bientôt plus de secret pour lui. Très vite, Valtat est en mesure de partir à son tour dans les zones sensibles de la planète.

A 17 ans, il commence à travailler comme apprenti chez un reporter photographe. Devenu Grand Reporter, il traverse les violences du monde (Proche Orient, Afrique ou Tchécoslovaquie). Le mythe du photographe reporter, il va le vivre jusqu’à l’écœurement, il multiplie les allers-retours vers Beyrouth, suit les membres du Fatah, et rencontre Yasser Arafat. Couvre les conflits qui sévissent en Afrique. Entre à Prague quelques heures après les chars soviétiques.

Nous sommes en 1968. C’est l’époque où il travaille aussi pour le magazine Réalités, aux côtés d'Édouard Boubat, Jean-Philippe Charbonnier et Michel Desjardins. Arrêté à Prague par la police politique, il est libéré grâce à l'intervention du Gouvernement français et de ses confrères.

1969, c'est l'année qui le fait déchanter. Dans la capitale tchécoslovaque, pris en flagrant délit de photographie politiquement incorrecte, Valtat est arrêté par le KGB. S’il reconnaît n’avoir été victime d’aucune violence physique, la police secrète lui fait néanmoins subir de lourdes pressions psychologiques. Des interrogatoires sans fin jusqu’à épuisement rythment les journées d’isolement du photographe, coupable d’avoir voulu témoigner d’une vérité "dérangeante".

Libéré grâce à l’intervention du Gouvernement français, Valtat est le premier otage politique parmi les journalistes.

Du sentiment éprouvé par cette incarcération, Valtat n’en dira pas plus. Comme si la pudeur l’empêchait d’évoquer davantage ses semaines passées au trou. Lui qui, après cela, va assister au comble de l’horreur. Valtat écrit aussi dans Combat, le journal de Camus. Une fierté légitime qu’il affiche non sans une certaine humilité. Et rejoint Le Quotidien de Paris. Pour ce dernier et d’autres titres, il part pour Chypre couvrir le conflit gréco-turc.

Parallèlement, tout en travaillant pour des agences, il tourne 3 films courts métrage  Dernier départ pour le reporter qui découvre l’insoutenable le charnier d’un village turc.

En 1974, lassé de voir tant de sauvagerie pour des idées, tout en continuant la photo de reportage, sa décision de rompre avec la photographie de guerre est irrévocable.

En 1977, il pense qu'un changement de vie s’impose. Il se lance dans l’édition puis monte un atelier de sérigraphie ( classé parmi les meilleurs ateliers de France par le cabinet des estampes de la BN ).

Autodidacte à part entière, d’un métier à l’autre, Valtat s’efforce d’acquérir la technique dans sa plus grande finesse. Question de tempérament mais aussi d’exigence avec lui-même.

Début 1980, Valtat entame une recherche progressive et logique d’abord la peinture, puis la peinture superposée à de la sculpture et enfin la sculpture. Il aurait pu choisir le marbre, le bois ou encore la pierre.

Pour Valtat, le fer, matériau a priori hostile, lourd et difficile, est un métal noble. "Le fer correspond à notre société de construction. Sans lui, il n’y aurait pas eu de révolution industrielle".

Valtat nous prouve que d’une matière peu attirante, le beau et l’élégant peuvent surgir. Seule l’imagination féconde et le génie de l’artiste parviennent à métamorphoser le plus anodin des métaux.





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