CHENARD Christian
Biographie Artiste complet
Christian CHENARD nait à Chartres en 1918 dans un milieu bourgeois aisé aux valeurs morales traditionnelles.
Artiste entier et précoce, on ne sait qui, de ses amours tumultueux ou de son aptitude extrême à l’indépendance, le pousse à cultiver l’instabilité, vivant longtemps de «petits boulots» de Paris à Sainte Maxime, en passant par Tourette sur Loup, Cannes et finalement Verneuil sur Avre.
Peintre, il est d’un romantisme violent et exacerbé, souvent contraint par la figuration, qu’il abandonnera à la fin des années 50.¨Musicien, il est l’élève de Marguerite Long, grande interprète des compositeurs de l’époque moderne et professeur de renom.
L’année 1935 voit sa première participation au Salon des Artistes Français et son premier récital à la salle Gaveau. Il a tout juste 17 ans.
L’apocalypse de la seconde guerre mondiale nourrit son imaginaire et hantera désormais sa peinture, qui devient lyrique et désabusée, dans laquelle ses aventures amoureuses impriment des ruptures de rythme et d’autres aventures formelles.
Son œuvre s'inscrit dans la recherche contemporaine. Sa modestie, son éloignement de Paris l'écarte du tapage médiatique. Et pourtant sa peinture tutoie celle des artistes les plus connus de sa génération.
Dans les années cinquante, sa peinture est reconstruite, très classique marquée par des espaces géométriques aux couleurs s'interférant les unes dans les autres, comme les vagues déferlant sur le rivage. Il est proche alors des recherches de Sophie TAUBER ou d'Otto FREUNDLICH. En allant plus loin sa palette monte en couleurs et le rapproche de Marcel JANCO ou de Ferdinand SPRINGER. Il peint en couleurs pures en aplats. Ses couleurs sont vives, souvent très lumineuses à la Willy BAUMESTER ou à la CALLIYANNIS.
Un pas est alors franchi. Sa peinture va exploser en tracés colorés bouleversés et violents, une peinture expressionniste lyrique. Les accords de tonalités sont le sujet même de la toile. Ses gammes de rouges ou de jaunes, soutenus par quelques accents d'outre mer sont modulées avec l'habilité technique d'un Pierre LAGAGE.
A partir de 1953, nouvelle période, ses œuvres se teintent de mystère. Ses couleurs et ses éclairages sont indécis dans la pénombre rendant, comme Paul JENKINS, perceptible l'inconnu.
Puis vient alors en 1955 une période torturée aux franges, quelque part, de la figuration. Ses teintes deviennent sombres dans un environnement hostile. Sa peinture est allégorique.
Le véritable Chenard vient de se trouver autonome et torturé. Ses toiles deviennent difficiles d'accès. Il manifeste alors, comme le fut Pierre DMITRIENKO, un fort tempérament de coloriste. La souplesse des formes dénonce le peintre cultivé. Il se laisse alors envahir, envoûter par une vague de bleus, puis de rouges, de verts et de noirs. Peinture de jaillissement, spontanée, qui aboutie à l'éjection subite et violente. Il trouve sa voix dans une peinture aux couleurs sourdes.
L'année suivante, sa peinture s'éclaircie, mais les formes restent invisibles, variation d'une peinture aux couleurs restreintes limitées aux bruns et aux ocres. La couleur éclabousse, s'ordonne et de désordonne, se donne, mesurant sa fureur à la capacité du bras exacerbé et la rythmant souverainement.
En 1958 certaines de ses toiles s'ordonnent dans un étonnant désordre. Elles sont couvertes d'une cohue compacte de signes abstraits s'adressant les uns aux autres tous égaux en valeur.
Avec les années soixante, période historique de l'abstraction lyrique, ses toiles s'ordonnent davantage dans des couleurs plus lumineuses, plus intenses. C'est la grande époque de Maurice ESTEVE et de Gustave SINGIER. A leurs côtés, il se distingue par une écriture spontanée et torturée à la fois. Christian Chenard va devenir une figure de proue de l'abstraction lyrique mais son onirisme le différencie de ses camarades et ne suscite aucun épigone.